Poemas de Emiliano Bustos

Poemas de Emiliano Bustos

Dos de poemas de Emiliano Bustos con traducción al francés realizada por Elise Person.

 

 

Mutación de la esperanza

 

A Mateo

 

Pasan muchas cosas en el mundo, las espinas

de los grandes males apuntan directamente al

corazón, y no hay diseños para esos agujeros por

venir. ¿La esperanza remodela esos escudos? Los

escudos no existen, pero pensar en la remodelación

de un hecho imposible es lo mejor que puedo decir

de la esperanza. Si te levantás en mitad de la noche

y temés que los pájaros, grandes pájaros carroñeros

se acerquen a tu ventana. Si ves que ya están ahí

y al mismo tiempo en el oscuro árbol aguja. Pasan

muchas cosas en el mundo, las espinas de los grandes

males. Si ves que ya están ahí y comen detrás de la

la ventana. El corazón es una espina tan fuerte

cruza de lado a lado. Y ahora ya no son carroñeros,

no recortan su cuerpo oscuro sobre el árbol aguja.

Tienen pico de pato, ahora, de pato. Pasan muchas

cosas en el mundo. Y querés sacar algo, pasar tu

brazo por la ventana, ya no son carroñeros, podés

buscar esas semillas que también buscan ellos.

Podés pasar el brazo, a pesar del miedo. ¿Y si,

a pesar de todo, te muerden? Atrapan tu brazo

o algo. Las espinas, esos agujeros por venir.

¿La esperanza remodela esos escudos? Es bueno

ser amigo del tiempo que pasa, ¿podemos ser amigos

y cortar nuestras cabezas antes de morir? Si ves que

ya no están ahí, que avanzaron sobre tus cuartos

y que son perros de lana de muchos colores. Se

revuelcan por el piso, pelean no tienen garras, son

como los juguetes de tu hijo. Podrías dormir sobre ellos

y rezar por el frío que tuviste hasta no hace mucho.

Rezar por ellos, pasan muchas cosas en el mundo.

Mutación de la esperanza.

 

 

Mutation de l’espoir

 

À Mateo

 

Il se passe beaucoup de choses dans le monde, les épines

des grands maux visent directement le

cœur, et il n’y a pas de desseins pour ces trous à

venir. L’espoir transforme-t-il ces boucliers ? Les

boucliers n’existent pas, mais penser à la transformation

d’un fait impossible est la meilleure chose que je peux dire

de l’espoir. Si tu te lèves au milieu de la nuit

et que tu as peur que les oiseaux, de grands oiseaux charognards

s’approchent de ta fenêtre. Si tu vois qu’ils sont déjà là

et en même temps dans le sombre sapin. Il se passe

beaucoup de choses dans le monde, les épines des grands

maux. Si tu vois qu’ils sont déjà là et qu’ils mangent derrière

la fenêtre. Le cœur est une épine si forte

traversant de part en part. Et maintenant ce ne sont plus des charognards,

leur corps sombre ne se détache plus du sapin.

Ils ont un bec de canard, maintenant, de canard. Il se passe beaucoup de

choses dans le monde. Et tu veux sortir quelque chose, passer ton

bras par la fenêtre, ce ne sont plus des charognards, tu peux

chercher ces graines qu’ils cherchent eux aussi.

Tu peux sortir le bras, malgré la peur. Et si,

malgré tout, ils te mordent ? S’ils attrapent ton bras

ou quelque chose. Les épines, ces trous à venir.

L’espoir transforme-t-il ces boucliers ? Il est bon

d’être l’ami du temps qui passe, pouvons-nous être amis

et couper nos têtes avant de mourir ? Si tu vois qu’ils

ne sont plus là, qu’ils sont entrés dans ta chambre

et que ce sont des chiens en laine très colorée. Ils

se roulent par terre, se battent et n’ont pas de griffes, ils sont

comme les jouets de ton fils. Tu pourrais dormir dessus

et prier pour le froid que tu as eu il y a peu.

Prier pour eux, il se passe beaucoup de choses dans le monde.

Mutation de l’espoir.

 

 

Bebemos cuando llega la mañana

 

A la Gata

 

Los vi desde el tren. Sentados en la puerta de una casa,

tomaban en tazas. Estaban cerca, como una pareja o

amigos. Tal vez haya visto una escalera. Unos escalones

donde estaban sentados. Es una casa cerca de la calle

Paraná, pasé tantas veces por ahí. Escribiendo un poema

como este me gustaría pensar (o decir) que venían de una

habitación rociada de amor. Llegó la mañana y quisieron

respirar, porque todo sigue. No es fácil darle cuerda al día,

¿qué hacía cuando era joven? Estaban cerca, como amigos.

¿Vi sus edades? Desde el tren recuperé unas formas, que

preferí pensar enamoradas. El tren pasó rápido, y construí

la casa desde todas las veces que la vi. ¿Cuál era la novedad?

Bebemos cuando llega la mañana, lo hice tantas veces. Si

el trauma del mundo nos permite incrustar el alma, el día,

lo haremos aún mañana. Los vi desde el tren y pensé

escribir un poema sin el efecto melancólico que siempre

nos seduce sobre las cosas pasadas, pensé en el día que

empieza, cómo beber un poco frente a otro. Nunca estalló

el hit de la poesía en mis manos; todavía me considero un

Sísifo intrafamiliar. Sentados en la puerta de una casa,

tomaban en tazas. Por qué pedir la muerte si el día apenas

llega; lo vemos desde una perspectiva fugaz, ahí, desde

el coro. Amigos distantes, ¿me susurraron estas cosas?

No, el canto llega de todas partes, y la posesión de un

amor cuando el día nace es un milagro que apunta al

corazón. Bebemos cuando llega la mañana, recuperamos

las formas que pasan, por algún tiempo.

 

 

Nous buvons quand vient le matin

 

À la Gata

 

Je les ai vus du train. Assis à la porte d’une maison,

ils buvaient dans des tasses. Ils étaient proches, comme un couple ou

des amis. J’ai peut-être vu un escalier. Quelques marches

sur lesquelles ils étaient assis. Dans une maison proche de la rue

Paraná, je suis si souvent passé par là. En écrivant un poème

comme celui-ci, j’aimerais penser (ou dire) qu’ils venaient d’une

chambre baignée d’amour. Le matin est venu et ils ont voulu

respirer, car tout continue. Il n’est pas facile de remonter le jour,

que faisais-je quand j’étais jeune ? Ils étaient proches, comme des amis.

Ai-je vu leur âge ? Depuis le train, j’ai récupéré quelques formes, que

j’ai préféré penser amoureuses. Le train est passé vite, et j’ai construit

la maison à partir de toutes les fois où je l’ai vue. Quelle était la nouveauté ?

Nous buvons quand vient le matin, je l’ai fait tant de fois. Si

le traumatisme du monde nous permet d’incruster l’âme, le jour,

nous le ferons encore demain. Je les ai vus du train et j’ai pensé

écrire un poème sans l’effet mélancolique qui

nous séduit toujours au sujet des choses du passé, j’ai pensé au jour qui

commence, à comment boire un peu face à l’autre. Le succès

de la poésie n’a jamais explosé entre mes mains ; dans la famille,

je me considère encore comme un Sisyphe. Assis à la porte d’une maison,

ils buvaient dans des tasses. Pourquoi demander la mort si le jour arrive

à peine ; nous le voyons depuis une perspective fugace, là, depuis

le chœur. Lointains amis, m’auriez-vous chuchoté ces choses ?

Non, le chant arrive de partout, et la possession d’un

amour quand le jour se lève est un miracle qui vise le

cœur. Nous buvons quand vient le matin, nous récupérons

les formes qui passent, pour un certain temps.

 

 

Elise Person es profesora de español y traductora en Brest (Francia). Estudió en la Universidad de Bretaña. En 2007 Editions L’harmattan, de Paris, publica su tesis: Vocabulaire hispanique des chansons et des musiques populaires caraïbes. Tradujo, entre otros, a Verónica González Arredondo (México), Luis Enrique Belmonte (Venezuela), Víctor López Zumelzu (Chile), Philémon Le Guyader (Francia) y Arnaud Bourven (Francia).

Emiliano Bustos es poeta y dibujante. Publicó Trizas al cielo (1997), Falada (2001), 56 poemas (2005), Cheetah (2007), Gotas de crítica común (2011), Poemas hijos de Rosaura (2016), Mutation de l’espoir (2021). Participó en los ciclos La línea piensa (Centro Cultural Borges, Buenos Aires, 2013), El dibujo es mentira (Alianza Francesa de Barranquilla, Colombia, 2020), y en los libros colectivos Guardianes de Piatock (2020) y Una imagen para decirlo (2022). En 2022 ilustró la antología Interestelaria, compilada por Julián Axat, y el poemario Hontanar, de Reynaldo Jiménez.

Descripción del Autor

Excéntrica